Présentation

Je ne suis pas un théoricien du cinéma, juste un praticien et un jouisseur. Alors voilà juste quelques bribes dans le mauvais ordre. A vous de faire votre propre sauce.

Je me sens attiré par la poésie visuelle et le cinéma expérimental. Je trouve que certaines fictions sont tellement académiques formelement que cela m’irrite et que je sors de la beauté de ce qui m’y est dit par ailleurs. A l’inverse, je comprends que beaucoup de cinéastes purement « expérimentaux » revendiquent la radicalité de leurs images et veulent que le spectateur se laisse aller uniqement à des émotions. Mais l’impossibilité totale d’intellectualiser me fait de même oublier la beauté de ce que l’on me donne à voir et à entendre.

J’ai toujours l’impression que ce que je lis, ce que je vois, je l’oublie très facilement mais en fait il en reste des choses au fond de moi ! On se nourrit sans le savoir. Je suis un « capteur – rumineur – rejeteur »

Je ne suis pas de ceux qui mettent ds leur création ce qu’ils ont patiemment observé et compris de la vie. Très souvent, c'est plutôt le contraire. J’ai envie de mettre dans mon cinéma ce qui n’existe pas, ce qui donc n’a jamais pu me décevoir.

Le plus important et de loin c’est l’histoire : sans histoire touchante, on peut faire les plus belles images du monde, elles ne produiront pas d’émotions. Un effet n’est pas gratuit tant qu’il apporte une émotion, du climat. Un effet ne doit pas être purement esthétique mais également émotionnel. Il faut jouer avec l’attente du spectateur : lui faire croire, lui suggérer des choses puis le tromper ou le combler.

Le cinéma donne un résultat réaliste en passant par de nombreux artifices. L’intention doit être réaliste mais pas les moyens. Non, je dirais même que l’intention doit être parfois irréaliste pour que le résultat soit réaliste.

Le charme au cinéma vient très souvent d’un décalage, d’une contraste : par exemple chez Blier, les voyous parlent comme des poètes

Un artiste n’est pas un puit de sciences, un homme dont le moindre mot transpirerait l’intelligence. Un artiste c’est quelqu'un qui sait parfois être idiot. Etymologiquement « idiotes », en grec, veut dire « singulier », « unique ».

Pour simplifier, il y a d’un côté ceux qui croient en la nudité, la simplicité pour faire naître l’émotion : « les films épurés ». De l’autre côté, il y a ceux qui veulent sublimer l’ordinaire, inventer l’extraordinaire, parvenir à la vérité par les artifices et la démesure : « les films emplis ». Je suis de cet autre côté.

Le cinéma est évasion, un condensé d’émotion fait pour oublier le terne de la vie quotidienne. Mais si les films enrobent de romanesques et de couleurs recréées, ils parlent d’émotions que l’on ne comprendrait pas, que l’on ne pourrait ressentir s’il n’y avait pas un noyau commun, un pont avec une émotion, un événement vécu. Ces sentiments faits de rire, d’amour, de solitude sont notre lot quotidien. Le cinéma ne fait que les dépoussiérer, leur redonner toutes leurs couleurs et les révéler à nous-mêmes : le cinéma n’est pas un créateur mais un révélateur d’émotions.

Pour moi, opposer le cinéma de divertissement et le cinéma d’auteur est idiot. Dans le cinéma de genre, le réalisateur part de l’imaginaire collectif alors que dans le cinéma d’auteur il part du « je », de ses névroses. En tant que réalisateur, je suis plus porté sur le second mais en tant que spectateur je peux aimer les deux. Je veux faire des petits bijoux d’artisans et non des pièces grandioses d’usines.

Le cinéma que je veux faire c’est traiter des microcosmes familiaux et amoureux. Le social, la lutte des classes, les rapports de pouvoir, c'est pas mon truc.

J’ai l’impression que j’ai besoin de beaucoup de matière, pour pouvoir beaucoup jeter et choisir au montage. Je ne suis pas un génie, je suis un laborieux. Il faut donc que je me laisse des possibilités de me tromper.


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